C’est officiel, le Conseil constitutionnel vient de publier ce jeudi 26 mars le nombre de soutiens d’électeurs inscrits sur les listes électorales à « la proposition de loi visant à affirmer le caractère de service public national de l’exploitation des aérodromes de Paris« .
Nous avions relayé, le 20 juin 2019, cette initiative de parlementaires pour un Référendum d’Initiative Partagé (RIP).
Le nombre total de soutiens n’est finalement que de 1 093 030 d’électeurs… il en fallait au moins 4 717 396 (1/10ème des inscrits sur les listes électorales) pour que le référendum sur la privatisation d’Aéroports de Paris puisse se tenir !
Ce résultat était malheureusement prévisible compte tenu de la difficulté à enregistrer son soutien (sur un site Internet mal conçu et sujet à de nombreux dysfonctionnements) et du refus du gouvernement de donner une visibilité médiatique sur cette démarche. Puis est venu la saturation de l’espace politique et médiatique avec le lancement du projet de réforme des retraites… et finalement de l’émergence de la très grave crise sanitaire du Covid-19.
Il reste cependant un petit espoir de voir les citoyens sollicités sur ce projet de privatisation !
Le président de la République, Emmanuel Macron, avait, en effet, annoncé le 25 avril 2019 (en clôture du Grand Débat National) des mesures pour apaiser les tensions sociales. Son but était de reconquérir la confiance du peuple français par le biais d’actions concrètes.
Parmi ces mesures il a mentionné « un seuil pour un référendum d’initiative partagé abaissé à 1 million de signatures« .
Bien sûr rien n’oblige, pour l’instant, le chef de l’État à engager un référendum et à tenir indirectement cet engagement. Mais la crise actuelle du Coronavirus a modifié très sensiblement l’environnement politique et économique :
- Les Français sont de plus en plus sceptiques, voire opposés à la privatisation et au démantèlement des services publiques, à commencer par celui des hôpitaux dont on constate aujourd’hui les conséquences désastreuses.
- L’effondrement du transport aérien et des bourses mondialesà provoqué le report sine die de la privatisation d’ADP par le gouvernement.
- Lors de son allocution du jeudi 13 mars au sujet du Covid-19, le président de la République a semblé redécouvrir les mérites du service public : « Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché« . Il a estimé nécessaire « des décisions de rupture » pour « reprendre le contrôle » sur « notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner » et « notre cadre de vie« … !
Emmanuel Macron aura-t-il la sagesse d’aller jusqu’au bout de son « Aggiornamento » pour mettre en œuvre une réelle démocratie participative ?… et un cadre suffisamment ouvert pour des référendums d’initiative citoyenne, notamment à l’échelle locale ?