Un séisme pour le Tennis Club de Fourqueux… et pour la biodiversité !
- La découverte d’un projet maintenu secret
- Un projet initié de longue date
- Le Tennis Club du Bel-Air imposé à Fourqueux
- Des impacts et problèmes largement négligés ou sous-estimés
- Un planning fantaisiste
- Une communication très tardive et sélective
- Le Tennis Club de Fourqueux affecté
- BiodiverCités78 monte au filet et met en ligne une pétition
- Conclusion
La découverte d’un projet maintenu secret
Le 6 décembre dernier, lors d’une réunion à l’Espace, les adhérents du Tennis Club de Fourqueux (TCF) ont été informés officiellement de la décision de la mairie de déménager et installer le Tennis Club Bel Air (TCBA) sur les infrastructures du stade Claude-Bocard (1 rue de la Ferme des Hézards) en octobre 2024.
Quelle surprise pour les adhérents de Fourqueux qui n’ont été, ni informés de quelque manière que ce soit de ce projet, ni bien sûr consultés pour cette décision qui impacte considérablement le club.
Ils s’opposent donc à cette décision unilatérale qui fait reposer l’impact de la destruction des installations du Bel AIr (Boulevard de la Paix à Saint-Germain) sur le club de Fourqueux avec comme conséquence la limitation considérable des possibilités de fonctionnement du TCF tel qu’il existe aujourd’hui.
Signe du fort malaise, une pétition sous forme de lettre au Maire a été mise récemment en ligne par les adhérents du TCF pour demander la reconsidération du projet actuel. Des affichettes on été mises en place à différents endroits du Tennis Club pour permettre aux adhérents d’y accéder et de la signer
Les Problèmes sont nombreux :
– Au TCF, les 2 courts couverts, 4 courts extérieurs, le mur d’entraînement et le club-house sont déjà utilisés par les 599 adhérents de Fourqueux… et le Tennis Club du Bel Air compte lui aussi environ 600 adhérents, soit en tout 1200 personnes !
– Un flux de circulation et de voitures à garer probablement plus que doublé.
– Construction d’un court supplémentaire détruisant un milieu de biodiversité, unique dans la commune, hébergeant des espèces non seulement protégées, mais même pour certaines inscrites en Liste Rouge.
– 2 courts extérieurs et le mur d’entraînement doivent être supprimés afin de construire à leur emplacement 3 courts couverts, mais cela ne ferait au final que 8 courts à partager entre 2 clubs… soit 4 courts par club (2½ couverts + 1½ extérieur) au lieu de 6 actuellement pour le TCF (et 5 pour le TCBA).
– Des travaux sont annoncés sur le site de Fourqueux à compter de mars, privant dès cet instant le club de 2 courts sur 6… en pleine saison sportive. Quand au club du Bel Air il ne devrait plus avoir d’installation à compter de mi-juin.
Un projet initié de longue date
Cette situation ubuesque résulte directement du projet « Cœur des Sources » initié mi-2020 via un concours d’architecte destiné à « redessiner 3,15 hectares situés au cœur du quartier du Bel-Air avec l’installation du conservatoire, le nouveau gymnase, la nouvelle école et le futur parc paysager, entre autres… » selon la vidéo postée le 18 mars 2021 sur le compte Facebook de la mairie de Saint-Germain-en-Laye :
Dans cette vidéo il est clairement fait mention que les courts de tennis du Bel Air doivent être préservés : Les 2 courts couverts restant en place et les courts extérieurs étant simplement repositionnés comme en atteste la capture d’écran ci-dessous :
Lorsque la mairie annonce le gagnant du concours d’architecte (« LA Architecture« ), elle publie une autre vidéo sur son compte Facebook qui laisse apparaître un aperçu du projet retenu, avec une identification claire de l’espace tennis :
Le Tennis Club du Bel-Air imposé à Fourqueux
Le 6 décembre dernier la mairie organisait une réunion d’information pour les adhérents du Tennis de Fourqueux à laquelle n’étaient présents au titre de la mairie que Guillaume Estienne (Directeur général adjoint en charge des services à la population) et Marie Aguinet (Maire-adjointe aux Sports).
Ils annonçaient, à la surprise générale, que des travaux allaient avoir lieu sur la zone des tennis pour permettre au club du Bel Air de s’installer sur la zone de tennis de Fourqueux !
Décision a en effet été prise, dans le plus grand secret, de supprimer l’infrastructure tennis du Bel-Air dès la mi-juin 2024, sans qu’une quelconque explication ait été fournie sur les raisons de ce revirement et de la nouvelle destination donnée à la zone du Cœur des Sources qui est ainsi libérée par le TCBA. Ce changement de pied semble avoir été pris il y a déjà au moins un an.
L’annonce faite aux adhérents de Fourqueux est donc la suivante :
* Construction d’une structure de 3 tennis couverts en lieu et place des 2 ‘quicks’ extérieurs et du mur d’entraînement) pour avoir en octobre/novembre 5 courts couverts et 2 courts extérieurs (‘tout temps’).
On passerait donc :
* de 6 courts ( 2 couverts et 4 extérieurs) pour 600 adhérents, soit 1 court/100 adh.
* à 8 courts (5 couverts et 3 extérieurs)… mais pour 2 clubs (TCF et TCBA) pour 1200 adhérents, soit 1 court/ 150 adh.
* En fait chaque club (TCF et TCBA) disposerait de 3 courts en gestion propre, d’un ½ court extérieur et d’un ½ court couvert, ces derniers se gérant par la disponibilité alternée pour un des clubs toute les semaines !
Des impacts et problèmes largement négligés ou sous-estimés
On comprend donc très vite les impacts et les problématiques qu’implique cette décision totalement arbitraire et non concertée avec les adhérents de Fourqueux :
- Le TCF est un club ‘formateur’ qui fait de l’enseignement aux enfants (y compris pour des adultes). Il a beaucoup de bons joueurs et de très bons résultats sportifs, se classant dans le Top 10 des 150 clubs des Yvelines. Les parents en sont fiers et contents car la structure ne fait pas de ‘garderie’ comme c’est trop souvent le cas ailleurs. Mais pour obtenir cela et faire de la qualité, il faut suffisamment de terrains ce qui ne sera visiblement plus le cas.
- Le TCF n’aura plus la place nécessaire pour les formules compétions et championnat par équipe organisé jusqu’à présent. Le volet compétition pourrait donc s’arrêter.
- Une enquête réalisée auprès des adhérents du TCF avait déjà révélé la difficulté actuelle pour réserver et jouer sur les courts couverts, la situation ne devrait guère s’améliorer car si un ½ court couvert serait disponible en plus, 3 courts extérieurs manqueront à l’appel (2 supprimés et 1 attribué au TCBA)
Mais il ne faut pas oublier l’impact sur les riverains et plus largement sur les habitants de Fourqueux :
- Problèmes d’accès à la zone sportive avec plus qu’un doublement des flux d’accès aux infrastructure.
La mairie indique à ce propos que l’idée est ‘d’adapter les choses pour que les gens puissent facilement venir à pied‘. Il s’agit là d’une vision quelque peu idyllique de la situation ne tenant pas compte de la réalité : intempéries, obscurité, enfants à déposer/rechercher… et de la distance pour les adhérents du TCBA qui sont autant de raison d’utiliser un véhicule. La réponse de la mairie semble n’être qu’une esquive devant un problème non appréhendé ?
- Problèmes de stationnement de véhicules :
– Du côté de l’allée du Ru de Buzot, la vingtaine de place de parking existantes sont déjà largement utilisées… par les résidents des logements sociaux qui préfèrent se garer à cet endroit plutôt que dans les places de parking en R-1 du petit immeuble : il leur faudrait en effet payer un loyer supplémentaire pour y accéder. Résultat : les places de parking en R-1 sont louées sur Internet par le bailleur
– Du côté de l’avenue de la Ferme des Hézards, les places de parking existantes sont très largement utilisées par les riverains où les accompagnateurs de sportifs.
– Inutile de dire que le week-end présente de ce point de vue un pic d’utilisation… l’apport d’usagers des tennis paraît donc représenter un problème majeur de nuisance sur cette zone.
- Problème d’artificialisation d’une zone d’expansion de crue, avec un impact direct sur la biodiversité présente sur la zone. La mairie ne tient visiblement pas compte du Code de l’Environnement (art L.411), en détruisant partiellement une zone riche en espèces protégées, fragiles et menacées (voir en fin d’article la lettre adressée à A. Péricard par BiodiverCités78)
Un planning fantaisiste
Le planning des travaux qui a été annoncé par la mairie aux adhérents de Fourqueux est le suivant :
- Démarrage à partir de mars => Plus que 4 terrains pour le TCF
2 terrains seraient mis à disposition aux Loges pendant travaux… mais seulement à partir d’avril (lorsque les Loges auront ouvert leurs courts en terre battue).
Mais…
En 2023 ce n’est que fin mai que les terres battues ont ouvert aux Loges car il avait beaucoup plu ! => on ne sait pas vraiment quand ils pourront être ouverts.
Jusqu’ici le permis pour l’installation des courts couverts n’est pas encore affiché ! Compte tenu du délai de recours qui est de 2 mois, un démarrage ne semble désormais plus possible avant le mois de mai.
Le permis d’aménager du court extérieur supplémentaire a été affiché le 21 février (et non le 6 février comme indiqué sur le panneau – plusieurs personnes en attestent) avec donc là aussi des recours possibles jusqu’au 21 avril !
- Mi-juin le TCBA perd tous ses terrains, mais il aura 4 terrains extérieurs aux Loges jusqu’à la fin des travaux.
Mais…
Si la météo est pluvieuse, les courts extérieurs ne seront pas utilisables aux Loges et le TCBA ne disposera plus d’aucun court puisqu’il aura perdu ses courts couverts !
- Le Club-House n’est pas agrandi et le TCBA aura peut-être des préfabriqués pour accueillir ses membres.
Comment faire pour accueillir les évènements conviviaux des deux clubs ?
- Fin prévue normalement fin octobre
Mais…
Ça c’était avec un début des travaux en mars ce qui, on l’a vu, est désormais impossible.
Tout cela sent vraiment l’improvisation… ou une communication défaillante ou insincère.
Une communication très tardive et sélective
Les adhérents du TC Fourqueux n’ont été informés de la situation que depuis la réunion du 6 décembre alors même que ce projet de déménagement semble exister depuis plus d’un an et demi. La mairie souhaitait en effet qu’aucune information ne soit fournie par les quelques personnes au courant de la situation et ce n’est que contrainte que la mairie a fini par révéler ce projet tenu secret.
C’est Guillaume Estienne (Directeur général adjoint en charge des services à la population) avec Marie Aguinet (Maire-adjointe aux Sports) qui ont finalement assuré la communication. Par contre, ni maire, ni élus de Fourqueux présents à cette réunion sensible !
Les adhérents ont exprimé leur incompréhension d’une soi-disant « recherche d’équité » entre tous les clubs de la ville. Où est en effet l’équité quand on impose le club du Bel-Air à Fourqueux avec un nombre de courts limité à 8 ( soit 1 pour 150 adhérents), alors qu’au Club des Loges il y en a 21 pour un nombre d’adhérents inférieur ( 1 court pour 50 adhérents) !
Pourquoi donc ne pas construire des terrains ailleurs au Bel-Air ou imposer aux Loges de mettre à dispositions des terrains pour le TCBA (accès via Tram 13 aisé) ?
Être mis devant le fait accompli pour des travaux supposés commencer en mars alors même que la saison est déjà lancée est un comble lorsque l’on sait qu’au Bel Air il y avait eu une réunion il y a près d’un an pour les informer du projet. Il s’agit donc d’un « 2 poids 2 mesures » inacceptable. La justification de Marie Aguinet est pour le moins surprenante : elle considère tout simplement que pour le TCBA c’est beaucoup plus grave que pour Fourqueux car ils perdent leurs installation. Ceci n’a pas manqué de faire sursauter les Fourqueusiens qui perdent la moitié des courts ce qui provoquera inévitablement une altération de la qualité du travail fait depuis des années avec les jeunes (formation et compétitions).
Le comble dans l’histoire c’est qu’il semble que l’abandon des tennis au Bel-Air serait simplement lié à l’impossibilité de construire un nouveau Club House ! On a vraiment du mal à y croire…
Le Tennis Club de Fourqueux affecté
Pour le TCF la décision prise par la mairie signifie la perte du côté ‘familial’ du Club car les infrastructures vont devenir très étroites avec le doublement des joueurs sur les installations.
Partager les infrastructures n’est pas complètement impossible, mais le Bel-Air souhaitant garder son autonomie, la situation est plus que complexe puisqu’il faudrait gérer des 1/2 courts de tennis, c’est-à-dire des courts disponibles alternativement pour chaque club une semaine sur deux.
On comprend donc, qu’à Fourqueux, le club souhaite, contraint par les évènements, une fusion des 2 clubs au sein de la section Tennis de l’ASF. Cela aurait au moins le mérite d’être moins difficile à gérer (un seul site de réservation des courts au lieu de deux sites. Mais le TCBA semble s’arc-bouter sur ses positions d’autonomie.
Les enjeux sont importants pour l’ASF car le TCF en est l’un des deux piliers majeurs avec le foot.
Le club actuel est une association loi 1901 dont l’objectif est d’enseigner le tennis, de former des enfants (ou adultes). Pour cela il faut les mettre dans les meilleures conditions pour les faire progresser et profiter de ce sport. Il s’appuie depuis de nombreuses année sur 4 enseignants professionnels qui ont obtenu d’excellents résultats.
C’est ainsi qu’en 2023 le club a été classé 10ème parmi les plus de 140 clubs des Yvelines.
Sur l’actuelle saison 2024, il est pour l’instant 4ème avec un nombre de points déjà supérieur à l’année passée et largement devant le Club de Tennis des Loges (le TCBA n’est pas positionné sur la compétition).
Le 23 janvier le club enregistrait encore un succès avec la qualification de l’équipe « Fille 11/12 ans » en tant que finaliste des Championnats Île-de-France !
Ces formules « compétitions » et championnat par équipe proposés par le TCF pourraient bien être sérieusement affectées dans les années à venir avec les difficultés que représente le partage d’installations insuffisantes vis-à-vis des effectifs engagés dans ces challenges.
BiodiverCités78 monte au filet et met en ligne une pétition
BiodiverCités78 est une association loi 1901, reconnue d’intérêt général, créée en février 2011 à Saint-Germain-en-Laye par un groupe de Fourqueusiens passionnés de nature et de biodiversité.
L’objet de l’association est :
* le maintien, la protection et l’amélioration de l’environnement et du cadre de vie à Fourqueux et ses environs.
* L’étude et protection de la biodiversité,
* La relation avec les organismes en charge,
* La sensibilisation du public à l’environnement : via l’organisation d’ateliers, de sorties pédagogiques, de réunions d’information, de publications, d’activités périscolaires, d’actions nature (réduction des déchets, nettoyage de la forêt, …)
L’affichage du permis d’aménager au Tennis Club de Fourqueux a provoqué la sidération au sein de l’association. Celle-ci a immédiatement entrepris d’écrire un courrier adressé à Arnaud Péricard dont nous vous livrons ci-après la teneur.
On y constate que, devant l’opposition de BiodiverCités78, la ville a sollicité pour avis la DRIEAT (Direction Régionale et Interdépartementale de l’Environnement, de l’Aménagement et des Transports) qui exerce ses mission pour :
- accompagner les territoires vers une transition écologique et un développement durable
- améliorer les mobilités durables,
- protéger et préserver les ressources, les espaces et les espèces,
- prévenir les risques, les nuisances et les pollutions,
- assurer la sécurité des transports,
- entretenir, exploiter et moderniser le réseau routier national.
Jusqu’ici tout semble aller pour le mieux, car la biodiversité du site ne fait pas de doute depuis plusieurs années. Mais la DRIEAT a rendu son avis en stipulant « que des relevés floristiques et faunistiques réalisés par le maître d’ouvrage (la mairie) indiquent l’absence d’espèces protégées sur le site« . doit donc être considérée comme illégale, en contrevenant à l’article L.411-1 du code de l’environnement.
BiodiverCités78 soulève notamment le fait que la mairie n’a fait « aucune mention des odonates, lépidoptères ou batraciens protégés dont la présence sur le terrain a été confirmée à maintes reprises« . Il s’agit donc d’une sollicitation insincère et illégale de la mairie qui a choisi délibérément de taire ces éléments, connus d’elle et encore portés à sa connaissance en janvier puis septembre 2023.
En parallèle, BiodiverCités78 a mis en ligne une pétition que nous vous invitons à signer :
Conclusion
Au final, le constat que l’on peut faire de ce projet chaotique, mené en catimini, c’est qu’en l’état nous sommes dans un contexte de triple perdants : chacun des 2 clubs, mais aussi la biodiversité qui est sacrifiée sur l’autel de la captation foncière de Saint-Germain-en-Laye. Il semble urgent de trouver d’autres solutions, comme la construction de nouveaux tennis au Bel-Air qui ferait sens avec la rénovation du gymnase des Lavandières et du COSEC, dans une zone qui brille plutôt par l’absence d’entreprises, et d’envoyer temporairement les adhérents du Bel-Air au Tennis Club des Loges dont l’accès par le Tram 13 est bien plus écologique et qui dispose de nombreux courts. Car après tout, nous ne savons toujours pas à quoi va être utilisée la place occupée actuellement par les courts du Bel-Air… la mairie s’est bien gardée d’aborder ce sujet !
Depuis la fusion Fourqueux/Saint-Germain nous ne pouvons que constater et regretter que notre village serve de lieu de repli pour associations ou services qui n’ont pas de place ou plus leur place sur le territoire historique de Saint-Germain-en-Laye (Club Photo, Chêne et Fougères, services techniques, ….)
Cette histoire de tennis est révélatrice d’une « concertation » menée et revendiquée par A. Péricard et D. Level qui n’existe en fait que dans l’affichage permanent au sein de slogans, mais qui ne résiste pas à l’analyse attentive des faits : On pourra d’ailleurs relever que ce projet de regroupement de tennis n’a même pas fait l’objet d’une simple information au très mal nommé « Conseil Consultatif Citoyen » (3C) que Daniel Level appelait encore récemment ‘Conseil Consultatif Communal’… inutile d’en dire plus !
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Merci beaucoup pour cette enquête approfondie.