Nous étions nombreux au Conseil municipal de Fourqueux du 19 novembre pour la délibération sur la Commune nouvelle, seule à figurer à l’ordre du jour.
Avec quelques jours de recul, nous nous interrogeons encore. Pourquoi Daniel Level, maire de Fourqueux, n’a pas défendu à cette occasion son projet ? Vraiment rien à ajouter ? Des arguments insuffisants face à une assistance plutôt hostile ?
En revanche, pour ce qui est de Matthieu Cadot, chef de file du groupe d’opposition NEF (Nouvelle Énergie pour Fourqueux, 6 élus sur un total de 27), nous connaissons l’explication de son vote contre la fusion. Nous publions le texte de son intervention qui, dans sa conclusion, met l’accent sur la représentativité des élus qui décident de la fusion. Des limites de la démocratie représentative dans sa forme actuelle…
Merci Monsieur le Maire.
Nous voilà donc réunis pour ce vote historique. Moi non plus, je ne vais pas revenir sur les arguments opposant certains d’entre nous. Ils ont, pour leur grande majorité, déjà été débattus et nous avons déjà fait part, publiquement, de notre position sur le fond.
Alors que nous devons voter, des points très importants restent tout de même sans réponse.
Le nouveau projet de territoire et les nouvelles chartes pour 2 communes, apportent-ils des modifications significatives pour tenir compte, comme promis, de l’analyse qualitative de la consultation du 30 septembre ? Nous ne le pensons pas.
Ces projets ont-ils été préparés de façon indépendante par le cabinet d’études, comme affirmé ici lorsque nous discutions de son coût au dernier conseil municipal ? Nous ne le croyons pas.
Un projet financier, indispensable, comme celui qui nous a été fourni pour une fusion à quatre communes, avec des chiffres tangibles sur la convergence fiscale, les abattements, les perspectives du rendement fiscal, les droits de mutations, l’endettement, les dotations, a-t-il été réalisé pour une fusion à deux communes ? Rien ne nous a été communiqué.
Nos deux communes auront deux PLU différents le 19 avril prochain, en entrant dans la nouvelle intercommunalité. Qu’en sera-t-il du régime dérogatoire qu’elle a toujours eu de ne pas imposer de PLUi qui pourrait nous être défavorable et qui devra être approuvé par les 20 communes historiques, alors que deux d’entre elles ne formeraient plus qu’une ? Nous ne le savons pas.
La révision actuelle du PLU de Saint-Germain, qui permettra la construction d’immeubles de 21 mètres de hauteur dans certains quartiers périphériques de la ville, est-elle de nature à nous rassurer ? Bien sûr, pas du tout !
Nos concitoyens ont-ils été suffisamment informés, comme cela aurait dû être le cas, sur ces nouvelles chartes. Bien sûr que non puisqu’elles ont été soumises à leur consultation 4 jours seulement avant le vote alors qu’elles étaient prêtes le 2 novembre ?
Et pourtant, malgré ces insuffisances, ces manquements, ces approximations, ces négligences, nous devons voter ce soir. Que devons-nous faire ? Accepter sans demander davantage de précisions, d’informations ? Devons-nous jouer aux apprentis sorciers : faîtes-nous confiance, on essaye, et puis, on verra bien ? De croire sur paroles des convictions ?
Nous le savons, c’est une décision historique que chacune et chacun d’entre nous doit prendre ce soir. Nous allons, en choisissant le bulletin « oui » ou le bulletin « non », décider, à 27, la disparition possible de notre commune dans un mois et demi. Nous avons tout pouvoir de décider pour nos concitoyens qui ne nous ont pas élus pour cela.
Mes chers collègues, nous sommes tous ici logés à même enseigne : nous sommes fièrement, mais aussi humblement, des représentants de notre population. Population qui s’est intéressée, population qui s’est mobilisée, population qui a pris la parole qu’on ne lui donnait pas, population qui à même, et oui, à Fourqueux, manifesté !
A cette heure, la pétition lancée le 6 octobre et qui a recueilli plus de 2350 signataires comporte, de façon tout à fait assurée, au moins 1406 fourqueusiens identifiés. Le comptage n’est pas terminé. J’aurai le plaisir de vous remettre dans quelques instants, Monsieur le Maire, en toute transparence et pour que les vérifications soient faites, les pétitions papier et une clé USB qui recense tous les pétitionnaires en ligne.
Oui chers collègues, 1406 fourqueusiens a minima … Et il faudrait encore poursuivre ? A titre de comparaison, votre équipe, M. le Maire, a été élue en 2014 avec 1027 voix. Il y a donc beaucoup plus de personnes opposées à ce projet-là, que de citoyens ayant voté pour vous il y a 4 ans … !
Le moins que l’on puisse dire, c’est bien que la majorité de nos concitoyens, s’oppose à ce projet.
Alors chers collègues, nous avons tous beaucoup travaillé, nous avons tous étudié, nous avons tous discuté, nous avons tous expliqué, nous nous sommes, à l’évidence, fait une idée. Mais ce soir, nous avons l’obligation morale de, simplement, écouter.
Ne pas écouter nos administrés, c’est leur dire clairement qu’on se moque de leur opinion majoritaire, alors qu’ils ont aussi beaucoup travaillé pour comprendre les enjeux de cette fusion. Non, Monsieur le Maire adjoint, il n’y a aucun décalage de perception, ils savent de quoi ils parlent. Les croire mal renseignés sur ce sujet serait les insulter.
Nous sommes les représentants du peuple de Fourqueux, qui s’est mis debout pour faire entendre sa voix. Finalement, c’est sans doute un point fort positif que ce débat aura permis. Alors surfons sur cette vague, avec eux, refusons ce projet précipité, diviseur, et regardons ensemble toutes les alternatives au cours du prochain mandat.
Chers collègues, chacune et chacun d’entre nous va devoir, dans quelques instants, prendre une des plus grandes responsabilités de sa vie d’élu. Celle d’écouter, ou non, ce que lui demandent ceux qu’il représente. Nous serons redevables de notre choix, nous devrons l’assumer puisque les fourqueusiens ne veulent pas qu’on choisisse pour eux un avenir qui ne leur convient pas.
Ce sujet est bien au-dessus de notre opposition politique. Il engage l’avenir, plus que jamais. Voter ce projet, c’est faire fi de l’immense mouvement de résistance qui s’est soulevé à Fourqueux.
Ne cherchons pas à faire le bonheur des gens malgré eux. Soyons des élus responsables, dignes et engagés : écoutons notre population.
Je vous remercie.
Matthieu Cadot