Lettre ouverte aux élus
Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les élus du Conseil municipal de Fourqueux,
Vous voici donc à trois jours de prendre la décision d’approuver ou non la création d’une commune nouvelle issue de la fusion de Fourqueux et de Saint-Germain-en-Laye.
Depuis la présentation du lancement de l’étude d’impact le 12 février, vous êtes nombreux à vous être impliqués personnellement dans la communication auprès de vos concitoyens soit pour en faire la promotion, soit pour susciter leur intérêt et leur participation. Jusqu’à l’été, ce processus n’a éveillé que peu d’intérêt de notre part. Pourtant, tardivement, vous avez maintenant d’une certaine façon réussi ! Grâce à la pétition et aux tracts de Fourqueux-Citoyen, voire même aux tracts du RPF, plusieurs milliers de personnes se sont intéressées au sujet de la fusion, le débat est enfin lancé depuis un mois et demi. La population de Fourqueux, que vous souhaitiez depuis longtemps intéresser à cet avenir que vous voulez bâtir pour nous tous, s’y est enfin intéressée, s’est exprimée par la pétition et la mobilisation de citoyens jusque-là peu actifs dans le débat civique de notre ville. Vous l’avez vu, entendu ou lu : la pétition en ligne a dépassé 2 000 signatures et, compte-tenu du nombre de signatures sur le papier, il y a maintenant beaucoup plus d’électeurs fourqueusiens qui s’opposent à la fusion que d’électeurs qui ont voté pour la liste majoritaire en 2014.
Dans ce contexte d’opposition grandissante, vous êtes peut-être tentés de penser que maintenir la fusion à deux communes, c’est faire preuve de résilience. Après tout, ce choix n’a-t-il pas été mûrement réfléchi ? L’étude d’impact à quatre communes puis l’engagement des maires des deux communes à travers les chartes ne sont-ils pas garants du sérieux du projet ? Pourtant, la ligne est fine entre résilience et obstination. Faire preuve de résilience implique de s’adapter – surmonter – un changement important dans son environnement. La résilience n’est pas l’obstination. L’obstination serait de ne pas entendre la demande pressante de vos concitoyens de sursoir à la fusion et de prendre une décision hâtive qui laisserait la population divisée et les frustrations tenaces de part et d’autre.
Ceux d’entre vous qui soutiennent la création de la commune nouvelle reprochent à ceux de nos concitoyens qui s’expriment contre d’être hostiles à tout changement et de voir de la malveillance dans chaque étape du projet depuis le retrait de Mareil-Marly et de L’Étang-la-Ville, comme si la nouvelle équipe municipale qui sortirait de la fusion devait, par principe, n’avoir que sombres desseins pour Fourqueux, notamment en matière de PLU et de LLS. Pour ma part, je suis prêt à penser qu’une nouvelle équipe municipale serait bienveillante avec cette nouvelle population qui représenterait 9% du nouveau Saint-Germain-en-Laye. Mais je vous propose aussi de considérer que nous pouvons aussi nous opposer à la fusion non pas parce que nous craignons de la malveillance, mais parce que nous pensons que l’indépendance est toujours préférable à l’espoir de la bienveillance. Tant que Fourqueux est une commune, et malgré les contraintes de l’État et l’élargissement des compétences de l’intercommunalité, c’est bien d’une ville indépendante que nous parlons.
Lundi soir, après en avoir délibéré, vous avez en apparence 3 choix : voter contre, voter pour ou vous abstenir. J’ai entendu que pour ceux qui appartiennent à la majorité municipale, Monsieur le Maire ne vous a pas donné de consigne de vote. Cette liberté de voter en votre âme et conscience est renforcée par la confidentialité du vote à bulletin secret.
Compte-tenu de ces conditions de vote, je pense que vous avez en réalité non pas 3 mais 4 choix :
► voter pour, c’est-à-dire autoriser Monsieur le Maire à solliciter la création de la commune nouvelle selon les modalités délibérées auprès du préfet des Yvelines ;
► vous abstenir, parce que vous ne souhaitez pas vous prononcer ;
► voter contre, parce que vous ne souhaitez pas que la commune nouvelle voit le jour ;
► voter contre, parce que vous souhaitez que la décision soit remise à plus tard, à l’approbation de vos concitoyens ou les deux.
Ce quatrième choix, sursoir à l’approbation de la fusion en votant contre, n’est pas le choix de la lâcheté ou de la procrastination. Tout au contraire, c’est un vote positif, porteur d’avenir et qui n’est en aucun cas un reniement de ce à quoi vous croyez. Après tout, grâce à votre saine gestion, nos finances publiques n’exigent pas que la fusion se fasse dès l’année prochaine. En votant contre parce que vous voulez remettre la décision à une date ultérieure, vous vous permettrez de prendre les moyens d’expliquer votre choix aux concitoyens, sans doute la majorité, qui actuellement ne le comprennent pas. Surtout, cela vous permettra de vous assurer que votre intime conviction et la volonté des habitants de Fourqueux sont bien identiques. J’ajouterais que cela permettra au projet d’être affiné car les chartes sont très clairement hâtives et méritent d’être précisées tant sur le fond que dans les engagements chiffrés concernant l’avenir.
Bien cordialement vôtre,
Jérôme Berrard
Bonjour,
Il reste un choix supplémentaire que peuvent proposer les élus du conseil municipal : en votant contre, proposer une consultation officielle par voix de referendum validée par cette réunion. Ce ne serait pas un acte de lâcheté mais un acte de courage démocratique et de respect envers tous nos concitoyens.